L’économie mondiale est durement touchée par les conséquences de la pandémie Covid-19 et les gouvernements de nombreux pays ont mis en place des mesures de soutien. La France ne fait pas exception à la règle : les premières mesures ont été prises dès le mois de mars 2020 afin de limiter les licenciements et soutenir la trésorerie des entreprises pour éviter des dépôts de bilan en masse. Cette stratégie a été payante pour le moment mais rien n’est réglé. Car cette crise a mis en évidence des fragilités dans de nombreuses PME/TPE. Au-delà des mesures d’aides à court terme que nous allons rappeler, les entreprises, y compris les plus petites, ont intérêt pour survivre dans la durée, à s’interroger sur leur stratégie, leur organisation, leur structure de coût, pour gagner en agilité et fonctionner plus efficacement. Cette réflexion est à mener rapidement par chacun, car les crises sont des accélérateurs de changements et les mieux préparés sortiront renforcés.
Les mesures mises en œuvre
La chute de l’activité est sévère : après avoir été revue deux fois depuis le début de cette année, la 3ème loi finance rectificative estime que la croissance française sera de -11% en 2020. Le déficit public, a quant à lui atteint un niveau sans précédent de 225 milliards d’euros, soit 9.1% du PIB, dû à la baisse des rentrées fiscales et aux dispositifs de soutien déployés.
Rappelons que ces mesures ont été mises en place par l’Etat afin d’aider entreprises et salariés à surmonter cette crise tant économique que sociale, et cela notamment dans les secteurs les plus touchés. Plusieurs plans de soutien d’un montant total de 45 milliards d’euros ont été débloqués afin de venir en aide aux industries les plus dévastées, à savoir le tourisme, l’automobile ou le secteur culturel pour ne citer que ces trois. D’autres dispositifs d’urgence, destinés à préserver l’emploi ont vu le jour, avec un déblocage de 31 milliards d’euros pour le chômage partiel, et 8 milliards d’euros à destination des fonds de solidarité pour les TPE.
La 3ème Loi de finance rectificative insiste plus particulièrement sur les reports de paiement des charges sociales et fiscales des entreprises les plus fragiles. Entre augmentation des échéances de paiement des charges, impôts directs, possibilités de report de paiement de loyers et autres factures d’eau et d’électricité, l’Etat met l’accent sur le soutien de la trésorerie des structures mises en difficulté par la crise.
Zoom sur les mesures clés pour les TPE et PME
Les premières mesures mises en avant par le gouvernement au sujet de la 3ème loi de finance rectificative pour 2020 concernent les aménagements en matière de gestion des charges diverses et impôts directs. Les mesures d’aménagement, notamment concernant les charges sociales, peuvent se résumer comme suit :
Taille de l’entreprise | Critères spécifiques | Nature de l’aménagement | Période concernée |
Moins de 250 employés | Secteur de l’hôtellerie, de la restauration, du tourisme, de la culture, du sport et tout secteur étroitement lié à ces secteurs précédemment cités | Exonération d’une partie des cotisations et contributions patronales (cotisations de sécurité sociale, cotisations d’assurance-chômage, contribution solidarité autonomie, contribution Fonds national d’aide au logement) Aide au paiement des cotisations et contributions sociales | Période du 1er février au 31 mai 2020 |
Moins de 10 salariés | Entreprises ayant été en fermeture administrative et ne relevant pas des secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, du tourisme, de l’événementiel, du sport, de la culture, du transport aérien, de la viticulture, de la pêche. | Exonération d’une partie des cotisations et contributions patronales (cotisations de sécurité sociale, cotisations d’assurance-chômage, contribution solidarité autonomie, contribution Fonds national d’aide au logement) Aide au paiement des cotisations et contributions sociales | Période du 1er février au 30 avril 2020 |
Travailleurs indépendants | Secteur de l’hôtellerie, de la restauration, du tourisme, de la culture, du sport et tout secteur étroitement lié à ces secteurs précédemment cités | Réduction forfaitaire des cotisations égale à l’équivalent de 4 mois des cotisations dues en moyenne en 2019. | Aucune période spécifiée |
En ce qui concerne les obligations fiscales, plusieurs options s’offrent aux entreprises. D’une part, de nombreux reports de paiement sont possibles, permettant d’étendre le règlement de certaines taxes jusqu’à trois mois après la date prévue. Un autre plan est également en place. Le « Plan de règlement spécifique Covid-19 » permet en effet de moduler les délais de paiement des charges fiscales selon le niveau d’endettement fiscal et social de la structure.
Afin d’aider les plus petites structures, tels que les TPE, les travailleurs indépendants ou encore les micro-entrepreneurs, le gouvernement a aussi choisi de renforcer le fonds de solidarité, financé par l’Etat et les régions. Ainsi, une aide allant jusqu’à 1500 euros peut être allouée aux structures les plus sévèrement touchées par la crise liée au Covid-19.
Enfin, afin de garantir la trésorerie des entreprises les plus fragiles, certaines structures peuvent bénéficier jusqu’au 31 décembre 2020 de prêts de trésorerie garantis par l’État, jusqu’à 6 ans, pour un montant total équivalent à 300 milliards d’euros. De plus, à travers cette loi de finance rectificative, l’État souhaite soutenir la solvabilité des structures. En effet, le gouvernement et la banque de France prévoient d’apporter un soutien afin de renégocier avec les banques les échéances des différents crédits bancaires des entreprises en difficulté.
Au-delà des aides, les entreprises doivent s’adapter
Les mesures d’urgence mises en place par l’Etat au lendemain du confinement et en pleine crise sanitaire ne suffisent pas pour de nombreuses entreprises qui souffraient déjà de faiblesses structurelles, mais qui réussissaient à fonctionner sans se réformer dans une économie en croissance. Pour nombre d’entités, il s’agit dès à présent d’entamer une réflexion sur leurs fragilités, les limites de leur organisation actuelle pour rapidement passer à l’action en matière de nouveaux produits ou services, d’organisation à revoir et bien sûr chiffrer ce que ces investissements vont coûter de façon certaine et estimer ce qu’ils vont peut-être rapporter. L’immobilisme n’est plus une option et l’anticipation doit devenir une règle.
Une des principales fragilités observées en PME, mises en avant au cours de cette crise, concerne leur trésorerie. De nombreuses structures gagneraient à préparer des budgets annuels, l’objectif étant, à partir d’un compte de résultat prévisionnel, de leurs engagements financiers à rembourser, et des investissements indispensables pour évoluer, d’anticiper leurs besoins de trésorerie.
Une autre démarche tout aussi essentielle vise à identifier, dans les différents process de l’entreprise, ceux qui sont efficaces et ceux qui ne le sont plus. Cela vous amènera à prendre des décisions ciblées pour augmenter certains tarifs, arrêter la fabrication de certains produits ou services devenus non rentables, mais qui ont été maintenus par habitude. Vos conseils peuvent vous accompagner sur ces démarches de gestion si vous ne disposez pas des compétences en interne.
Enfin, beaucoup de structures réfléchissent aux moyens de réduire leurs frais généraux, qui sont souvent des coûts fixes. Nombreux sont les chefs d’entreprise qui se tournent, par exemple, vers le télétravail régulier sur le long-terme, avec pour objectif de diminuer un poste de dépense souvent très significatif : les loyers.
Cependant, toute modification, telle que l’implémentation réussie d’un télétravail régulier, demande une réflexion sur le mode d’organisation de chaque structure. De plus, il convient aussi d’y associer les salariés ou leurs représentants car il est essentiel de conserver ce qui fait la culture de l’entreprise. En effet, le maintien de la fluidité des échanges, des formations ou encore la transmission de savoir au sein des équipes sont de réels enjeux devenus plus complexes depuis la distanciation sociale imposée par le télétravail.
De tels changements entraînent nécessairement une évolution dans les processus internes, et notamment les modes de management. La question majeure est de comprendre quels sont les moyens, et les leviers d’adaptations des structures actuelles à une organisation plus flexible, plus agile. Si elles réussissent cette transformation, elles seront peut-être en mesure de réagir plus rapidement à des crises telles que la crise sanitaire actuelle, et donc de minimiser leurs conséquences économiques néfastes.
En conclusion, cette crise sanitaire peut aussi et doit être vue comme une opportunité pour se réformer. Les mesures d’urgence prises par l’État soulignent certaines difficultés structurelles des entreprises, que ce soit en matière d’anticipation des risques, ou encore d’adaptabilité face à un environnement changeant. Les aides financières aideront à passer un cap mais ne régleront rien sur le fond. Le retour à une rentabilité à long terme passe par l’anticipation des besoins financiers, l’innovation sur les produits et services, mais aussi sur le management, les process et l’organisation. Vos conseils peuvent vous apporter beaucoup en vous faisant bénéficier d’une prise de recul et de l’expérience acquise auprès d’autres entreprises. Sollicitez-les !