Les ressources humaines constituent un facteur essentiel de votre production et leur coût représente une part majeure du coût de revient des produits ou services de votre entreprise. Dès lors, l’estimation précise de ce poste est un enjeu très important de votre contrôle de gestion, indispensable pour établir vos devis sur de bonnes bases. Une entreprise, qu’elle soit industrielle ou de services, vend indirectement du temps de travail à ses clients. En particulier dans les entreprises de services, la facturation repose sur le calcul d’un taux horaire. Celui-ci correspond au prix auquel l’entreprise facture une heure de temps de travail d’un de ses collaborateurs, à ses clients. Que vous soyez artisan, dirigeant de PME, freelance, vous ne pouvez pas faire l’économie de ce calcul puisque votre rentabilité en dépend directement. C’est pourquoi cet article vous rappelle quelques fondamentaux dans la détermination de votre taux horaire.
Adaptez votre taux horaire à votre structure
Le calcul du taux horaire va dépendre de votre statut et de votre entreprise. En effet, un auto-entrepreneur ou une petite entreprise ne rassemblant que des associés, qui ont le même poste et la même expertise peut se permettre de pratiquer un taux horaire unique. A l’inverse, une entreprise dont l’effectif est composé de personnes aux compétences, à l’expérience et donc aux conditions salariales différentes, va devoir déterminer des taux horaires différents pour ses employés. Ceux-ci peuvent être déterminés par un système de coefficient propre à l’entreprise. Il suffit de fixer un taux horaire de base, qui est multiplié par le coefficient de chaque collaborateur.
Adaptez votre taux horaire à vos coûts de fonctionnement
En outre, qu’ils soient multiples ou non, le calcul du ou des taux horaire(s) de votre entreprise partira d’une formule de base. Il s’agit d’abord de sommer les charges qui se rapportent directement au collaborateur. Ce total comprend les éléments suivants : le salaire annuel (charges salariales et patronales comprises), les charges fiscales (taxe d’apprentissage, formation continue,…), les charges de fonctionnement HT (les fournitures, les frais de déplacement, de véhicule, les consommables, les télécommunications, la documentation professionnelle, les redevances des logiciels, …). Ces coûts directs sont spécifiques à chaque entreprise. Une fois ce total obtenu, vous devez le diviser par le nombre d’heure réellement travaillées par le collaborateur pendant l’année. Ce nombre d’heures diffère sensiblement du nombre d’heures payées, puisqu’on ne tient pas compte des congés, des diverses absences, des formations, bref de l’ensemble du temps non directement productif. Ainsi, vous obtenez un premier taux horaire HT.
Parallèlement il faut estimer l’ensemble des coûts indirects, fixes ou variables sur une année en fonction d’un volume de production et ajouter une marge pour couvrir les impôts et le bénéfice attendu. Ces coûts indirects et la marge seront eux aussi divisés par le nombre d’heures réellement travaillées pour déterminer un taux horaire complet.
Vérifiez l’adéquation de votre taux horaire aux prix du marché
Une fois que vous avez déterminé votre taux horaire théorique, il faut vérifier sa cohérence avec votre marché. Pour cela, il est intéressant d’effectuer un benchmark des prix pratiqués par vos concurrents. En effet, vous devez avoir une tarification cohérente par rapport au marché, sans quoi vous risquez de perdre des parts de marché. Il ne faut pas oublier que si un prix trop haut peut être dissuasif, un prix trop bas n’est pas forcément plus attractif puisqu’il peut être le signal d’une piètre qualité de votre service ou de votre bien. Il faut donc être vigilant et trouver le bon équilibre. D’ailleurs, la comparaison n’est pertinente que si elle est faite à niveau de prestation équivalent. A titre d’exemple, si votre prestation correspond à du milieu de gamme, il ne faut ni vous comparer aux concurrents, qui, dans votre secteur, offrent des prestations haut de gamme ni à ceux, qui pratiquent une politique de prix low-cost qui n’offriront pas le même service. De même, n’hésitez pas à augmenter votre marge dans des proportions raisonnables, sur les produits ou services pour lesquels vous bénéficiez d’un savoir-faire ou d’une notoriété reconnue.
Actualisez régulièrement votre taux horaire
Une fois que vous avez achevé de déterminer votre taux horaire, en cohérence avec le marché, vous pouvez déterminer à quelle fréquence, vous le revaloriserez. Un taux horaire est temporaire, il est important de recalculer son taux horaire régulièrement afin de tenir compte de l’évolution des charges de l’entreprise ainsi que de l’ancienneté et/ou de la montée en compétence du personnel. De plus, dans le cadre d’une reprise d’entreprise, il ne faut pas nécessairement appliquer le même taux horaire que votre prédécesseur, sous prétexte que vous avez la même clientèle. Au contraire, la reprise d’une entreprise est le moment idéal pour l’actualiser, après quelques mois d’observations. Par ailleurs, si une augmentation importante est à prévoir, il sera bien sûr judicieux de l’étaler dans le temps pour être mieux acceptées par la clientèle.
Ainsi, le taux horaire est une donnée essentielle à déterminer dès le début de votre activité. Un taux horaire bien défini permet d’avoir une facturation en cohérence avec ses prestations et de bien maîtriser la rentabilité de son entreprise. Cette notion s’applique essentiellement aux entreprises de services et un prochain article précisera la problématique du coût de revient pour les entreprises de production de biens.
Cet article s’inscrit dans la série d’articles que nous avons réalisée sur le coût de la main d’œuvre, sa prise en compte dans les coûts complets et la juste facturation du temps de travail.