Cet article s’inscrit dans la série d’articles que nous avons réalisée sur le coût de la main d’œuvre, sa prise en compte dans les coûts complets et dans les devis pour mieux maîtriser sa rentabilité.
Après avoir évoqué la problématique du taux horaire dans une entreprise de services, facturant au temps passé, nous traitons ici la question du coût de revient pour les activités de négoce ou de production. Le bien, le service ou le chantier est facturé pour un montant fixé et connu à l’avance par le client. Bien souvent, la main d’œuvre est un élément essentiel du coût de fabrication du bien ou de la prestation à rendre. Il convient dès lors, d’identifier comment ce facteur entre en jeu dans la détermination du prix et son importance pour un pilotage efficace de l’activité.
Calculez le coût horaire de votre main d’œuvre
Le coût horaire de la main d’œuvre partage plusieurs points communs avec le taux horaire. Comme pour le taux horaire, il faut distinguer heure payée et heure productive, l’objectif restant le calcul du coût total d’une heure productive.
Vous commencez par calculer le coût global d’un salarié. Pour cela, il faut tenir compte du salaire annuel brut, augmenté des charges sociales et fiscales et, le cas échéant, des autres coûts salariaux tels que titres restaurant, voiture de fonction, intéressement, …). Si vos employés font des heures supplémentaires, il faut en tenir compte.
Pour calculer un coût horaire de production, il faut estimer le nombre d’heures productives de chaque salarié. Les heures productives sont différentes des heures payées. Pour obtenir les premières, vous devez soustraire aux secondes les congés payés, les jours fériés et les différentes heures non directement productives (absence, pause, formation). En l’absence de suivi précis, on considère généralement que ces « autres heures non-productives » représentent 10 à 15% du temps de travail effectif, c’est-à-dire hors jours fériés et congés payés. Une personne employée sur une base de 35 heures hebdomadaires, soit 1 820 heures annuelles, n’effectue en réalité qu’environ 1 335 heures directement productives.
Enfin, il convient de diviser le coût global d’un collaborateur par le nombre d’heures productives. Vous obtenez ainsi le coût horaire de votre collaborateur. Ce travail est à faire pour tous les collaborateurs affectés à la production.
Distinguez les différents types de coûts à affecter
Obtenir le coût horaire du personnel de production permet de répartir le coût de la main d’œuvre entre chaque produit. Pour cela il faut connaître le temps de production, réparti si possible par étape de production. Bien entendu, l’approche est à adapter à chaque entreprise, à chaque activité ; le raisonnement ne pouvant pas être le même pour des produits standardisés et pour une production unique. Quoi qu’il en soit, vous obtenez le coût de la main d’œuvre de production à intégrer au coût de production total.
Toutefois, vos employés ne sont pas tous affectés à la production. Certains font partie des fonctions support : ils effectuent des tâches, dont la valeur n’est pas directement imputable au produit mais sont nécessaires au bon fonctionnement de l’entreprise. Leur coût est à intégrer au coût complet de votre produit. Ces coûts de main d’œuvre sont de deux types. Une partie sera considérée comme un coût indirect de production et l’autre comme un coût hors production ou post-production. Par exemple, la main d’œuvre des services RH ou financiers constituent un coût fixe, qu’il convient de répartir entre les différentes fonctions, dont la production. Cette main d’œuvre sera une composante des coûts indirects de production. A l’inverse, les coûts salariaux relatifs au développement, au marketing, à la distribution ou à la commercialisation des produits sont des coûts hors production. Pour répartir ces coûts entre chaque produit, il faut déterminer des clés de répartition. Là encore, il apparaît très compliqué de déterminer combien d’heures un marketeur ou un commercial passe sur chaque produit. A défaut d’une clé de répartition plus fine, il est possible de répartir ces coûts en fonction de la part de CA que chaque produit représente.
Dans une entreprise de 5 ou 10 personnes, l’approche est la même que dans une société de 50 ou 100 salariés. Les salariés sont simplement plus polyvalents et la connaissance des temps réalisés par activité, moins précise. L’important est de démarrer la démarche, même si on est parfois amené à prendre une hypothèse. Il est toujours plus facile d’affiner et d’améliorer un calcul que de partir d’une feuille blanche.
Une fois les coûts de main d’œuvre affectés, il reste à affecter les autres charges. Il y a bien sûr en premier lieu les coûts matières. S’ils sont une composante majeure du prix de revient, leur valorisation est simple dès lors que le processus de production est connu, que l’entreprise connait les quantités utilisées par produit fabriqué, ce qui est souvent le cas.
Reste enfin à affecter les autres coûts ; la distinction entre les coûts entrant dans la production et les coûts hors production est là encore assez simple et logique. Le cas échéant, la répartition de ces charges peut se faire en fonction de la clé la mieux adaptée, main d’œuvre ou chiffre d’affaires.
Valorisez vos stocks et déterminez vos coûts complets
La somme de vos coûts de production et de vos coûts hors production, vous permet de déterminer vos coûts complets. Cette distinction est essentielle. En effet, pour les entreprises artisanales et industrielles, elle influe sur la valorisation des stocks. Les stocks sont valorisés au coût de production. En termes de coût de la main d’œuvre, ne sont pris en compte que les coûts directs et indirects de production. Par exemple, les coûts de main d’œuvre relatifs à la logistique post-production, ainsi qu’à la vente des biens, ne peuvent pas entrer dans la valorisation du stock. Or une juste valorisation du stock a une influence sur le bilan et le compte de résultat de l’entreprise. Il permet de mesurer correctement la marge dégagée. C’est un indicateur clé de la performance d’une entreprise. L’impact est donc comptable et fiscal, mais surtout essentiel à la gestion.
La connaissance de vos coûts de production et coûts complets est essentielle pour maîtriser va rentabilité. Elle vous permet de déterminer le prix auquel vendre votre produit pour être rentable. Et en fonction de votre politique commerciale, la connaissance de ces coûts vous permet de fixer votre marge, de savoir ce que vous pouvez accepter dans vos négociations et les éventuels efforts que vous allez faire ou accepter.
Pour conclure, la connaissance de leur prix de revient est un enjeu essentiel pour toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Cette connaissance passe souvent par la détermination d’un coût horaire de la main d’œuvre de production, seul à même de vous permettre d’établir des devis pertinents, cohérents avec la rentabilité attendue. Ce travail est parfois complexe. Il n’en est pas moins indispensable pour piloter de votre entreprise.